Journée internationale de la réduction des risques et des catastrophes : l’UNIGOM appelle à financer la résilience plutôt que les urgences
À l’occasion de la Journée internationale de la réduction des risques et des catastrophes (JIRRC), célébrée le 13 octobre 2025, l’Université de Goma (UNIGOM), à travers son École supérieure de volcanologie, de gestion des risques et des catastrophes, a organisé une journée scientifique et de réflexion autour du thème mondial :« Financer la résilience et non les catastrophes ».
Cette activité, tenue au Campus du Lac, a réuni enseignants, étudiants, partenaires techniques, représentants d’organisations locales et internationales, ainsi que plusieurs acteurs de la gestion des risques tels qu’ActionAid et CAFOD. Ensemble, ils ont réfléchi sur la nécessité de passer d’une logique de réaction à une logique de prévention face aux aléas naturels et anthropiques qui menacent les communautés du Nord-Kivu et de la RDC en général.
Le Recteur : « Financer la résilience, c’est protéger la vie »
Dans son discours d’ouverture, le Professeur ordinaire Muhindo Mughanda, Recteur de l’Université de Goma, a rappelé que la nature, bien que source de richesses, peut aussi se révéler impitoyable. Les éruptions volcaniques du Nyiragongo, les inondations récurrentes, les ravinements et les incendies urbains à Goma, Bukavu ou Butembo démontrent, selon lui, la vulnérabilité des populations face aux catastrophes.
« Nous ne pouvons plus attendre que les catastrophes frappent pour réagir. Nous devons anticiper, planifier et bâtir des systèmes résilients capables d’amortir les chocs avant qu’ils ne deviennent des drames humains », a-t-il déclaré.
Le Recteur a insisté sur le fait que la résilience doit être financée comme une priorité nationale, au même titre que les grands programmes de développement :
« Prévenir coûte toujours moins cher que réparer. Investir dans la résilience, c’est investir dans la vie, la dignité humaine et l’avenir de nos sociétés. »
Il a salué l’engagement des étudiants de Master en gestion des risques et des catastrophes qui participent activement à la recherche et à la sensibilisation sur ces enjeux, en rappelant que l’éducation reste le premier investissement vers la résilience.
Un appel à s’impliquer et à s’inscrire dans la formation scientifique sur les risques
Profitant de cette occasion, le Recteur Muhindo Mughanda a également lancé un appel vibrant à la jeunesse et aux chercheurs à rejoindre l’École supérieure de volcanologie, de gestion des risques et des catastrophes de l’Université de Goma.
Il a exprimé sa surprise de constater que, malgré la présence du volcan Nyiragongo et la fréquence des catastrophes dans la région, peu d’étudiants s’engagent encore dans ce champ d’étude essentiel.
« Il est étonnant de voir que nous vivons dans une région entourée de risques volcaniques et environnementaux constants, et pourtant cette école, ouverte depuis trois ans, reste encore peu fréquentée. Le champ de la recherche est vaste et les besoins sont immenses. Nous devons former une masse critique de scientifiques capables de comprendre et de prévenir ces risques », a-t-il insisté.
Cet appel s’inscrit dans la volonté de l’Université de Goma de stimuler la recherche appliquée et de former une nouvelle génération d’experts prêts à contribuer à la sécurité et au développement durable du pays.
Dr Blaise Mafuko : « La résilience se construit avant la catastrophe »
Prenant la parole à son tour, le Dr Blaise Mafuko, Directeur de l’École supérieure de volcanologie, de gestion des risques et des catastrophes, a souligné que la résilience ne doit pas être perçue comme une simple réaction après coup, mais comme un processus permanent d’adaptation et de préparation.
« La résilience se construit avant la catastrophe, pas après. Elle consiste à renforcer les capacités locales pour anticiper les risques, absorber les chocs et se transformer afin de mieux faire face aux crises futures », a-t-il expliqué.
Il a également rappelé l’importance de la formation scientifique, de la planification urbaine et de la recherche appliquée, trois piliers essentiels pour développer des politiques publiques durables dans la région.
Les partenaires saluent l’engagement de l’Université
Le partenaire ActionAid, représenté lors de la conférence, a présenté ses initiatives en matière de gestion communautaire des risques dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
Cette organisation a mis en avant la création de groupes communautaires mixtes qui associent les enseignants, les enfants, les femmes et producteurs agricoles, chargés d’élaborer des plans de réduction des risques et de mener des actions de plaidoyer auprès des autorités locales.
Ces initiatives, selon ActionAid, ont déjà permis à certaines communautés de mobiliser des ressources locales et de réagir plus efficacement face aux urgences environnementales et sociales.
Un plaidoyer pour un changement durable de mentalité
Au-delà des discours, la commémoration de la JIRRC à l’UNIGOM s’est voulue un acte de plaidoyer pour un changement profond de mentalité.
L’Université appelle les décideurs, les chercheurs et les partenaires du développement à placer la prévention, la recherche scientifique et l’éducation à la culture du risque au cœur des politiques nationales.
Au cours de l’activité, un documentaire intitulé « Vivre avec les éruptions du volcan Nyiragongo » a également été projeté. Il revenait sur l’éruption de mai 2021 et les efforts des populations pour reconstruire leur vie. Ce film a permis de démontrer les défis humains et scientifiques liés à la gestion des catastrophes dans une région volcanique comme le Nord-Kivu.
Pour conclure, le Recteur Muhindo Mughanda a réaffirmé l’engagement de l’Université de Goma à poursuivre sa mission de recherche, de formation et de service à la communauté, au bénéfice d’un Congo plus sûr, plus conscient et plus résilient.
« Financer la résilience, c’est préparer l’avenir. C’est protéger la vie. C’est assurer le développement durable de notre pays », a-t-il conclu.

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