L’École de Genre de l’Université de Goma engagée pour une socialisation émancipatrice
L’Université de Goma, à travers son École de Genre, a réaffirmé son engagement pour la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes en organisant, le vendredi 24 octobre 2025, un colloque scientifique sur l’autonomisation des femmes et des filles du Nord-Kivu. Cette activité, organisée en collaboration avec LAIDES et CARE International, s’inscrivait dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la femme rurale, célébrée chaque 15 octobre.
Réunis autour du thème : « La pensée complexe et l’autonomisation des femmes : quels paradigmes pour une socialisation émancipatrice ? », les chercheurs, étudiants et acteurs humanitaires ont réfléchi ensemble sur les solutions aux inégalités persistantes entre les sexes en République Démocratique du Congo, particulièrement dans la province du Nord-Kivu, où ces déséquilibres freinent le développement social et économique.
Un engagement académique pour le changement social
Représentant le Recteur de l’Université de Goma, Monsieur Erick Kambale a salué la collaboration entre le monde académique et les organisations de développement, tout en soulignant la volonté de l’Université de jouer un rôle moteur dans la transformation sociale.
« Nous souhaitons construire un modèle d’action adapté à notre contexte de fragilité et produire des outils concrets, notamment une matrice d’indicateurs pour mesurer l’impact réel de nos actions scientifiques et pratiques. L’Université de Goma tient résolument à travailler aux côtés des acteurs engagés pour l’autonomisation des femmes, afin que notre province serve de modèle pour l’ensemble du pays », a-t-il déclaré.
L’autonomisation des femmes à la lumière de la pensée complexe
Dans sa leçon inaugurale, le Professeur Jules Katsurana a parcouru la théorie de la pensée complexe développée par Edgar Morin pour analyser la question de l’autonomisation féminine.
« L’autonomisation des femmes est une donnée complexe, influencée par des facteurs cognitifs, psychologiques, économiques et politiques. Il est essentiel d’adopter une approche interdisciplinaire pour comprendre cette réalité dans toute sa globalité et promouvoir une véritable transformation sociale », a expliqué le professeur Katsurana.
Au cours de ce colloque, plusieurs travaux de recherche ont été présentés, notamment celui de Charlène Sheria, étudiante en master 1 à l’École de Genre, portant sur les conflits, le chômage et le changement des rôles sociaux entre les hommes et les femmes à Goma.
Selon elle, l’autonomisation des femmes représente une forme de résilience face aux bouleversements économiques et sociaux causés par les conflits armés.
« Face à cette situation, l’adaptation reste la clé pour redéfinir les rapports sociaux entre hommes et femmes », a-t-elle conclu.
Les organisations partenaires, dont AVSD, l’Église Anglicane, COMEQUI RDC, CIAT, AUDI Congo, SOFEPADI et CARE International, ont également partagé leurs expériences du terrain. Ces échanges ont conduit à la mise sur pied d’un instrument d’évaluation, appelé échelle de participation, qui va permettre de mesurer les niveaux d’implication des femmes dans les processus décisionnels.
« L’idéal est d’atteindre le dernier niveau de cette échelle : la prise de décision par les femmes. L’autonomisation est un processus long mais concret, perceptible au sein même de la communauté », a expliqué Élois Lwanda Kiyekire, de l’organisation SOPROP.
Une synergie entre le monde académique et les acteurs humanitaires
Pour Sylvie Wendo, coordinatrice du projet Powered by Women de CARE International, cette collaboration entre les universités et les organisations humanitaires est un pilier
« Certains projets nécessitent l’apport scientifique pour guider les actions sur le terrain et produire des résultats concrets dans la communauté », a-t-elle affirmé.
La stratégie provinciale d’autonomisation des femmes élaborée par CARE International (2020–2024) a été présentée comme un outil d’orientation des actions des partenaires en vue d’une vision commune de la promotion du leadership féminin au Nord-Kivu.
À propos de l’École de Genre de l’Université de Goma
Créée pour promouvoir la recherche et la formation sur les questions d’égalité de genre, l’École de Genre de l’Université de Goma se positionne aujourd’hui comme un espace de réflexion, d’innovation et de plaidoyer scientifique pour une société plus juste et inclusive.
Par son approche interdisciplinaire et sa collaboration avec les organisations de développement, elle contribue activement à la construction d’une « socialisation émancipatrice » au service du développement durable

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